Le voyage vers le Sud
Kivu (1)

La ville de Bukavu
Vous ne pouviez faire autrement que de partager
les grandes
qualités humaines que tu possèdes
et qui font que tous
t’apprécient autant.
Je veux parler de ta bonté, ta générosité, ta grandeur
d’âme,
ton attention pour tous, même les plus humbles, ta
vaillance,
ton positivisme, ta capacité à toujours te
trouver
du côté des solutions, peu importe les écueils.
(Denis Savard, déc.
2008;
extrait de l'hommage
funéraire
lu
à l'occasion des obsèques de
Nanjira).
Dans le cadre de ma recherche
qui consiste à comprendre la vision et les rôles des acteurs
d’enseignement par rapport aux politiques du développement
et de mise en œuvre du curriculum afin d’identifier les
besoins émergents en éducation dans la société congolaise du
Sud-Kivu d’après-guerre,
je me suis lancé un défi d’aller à l’Est de la
République démocratique du Congo
malgré le climat de guerre qui y règne afin
d’atteindre ces objectifs.
Dans ce contexte bien précis,
j’ai planifié de mener une mission de recherche en RDC, mon
pays d’origine. Je vais résumer cette mission en trois
étapes : la recherche sur terrain pour mon doctorat, le
développement du partenariat et de la coopération
internationale de la CREE
ainsi que le recueillement auprès de ma famille en raison
de la perte de mon
épouse Nanjira décédée le 4 décembre 2008 à
Québec.
La mission de recherche sur
terrain avait pour but de recueillir les informations sur
les visions et les rôles des acteurs dans le développement
et la mise œuvre du curriculum d’enseignement secondaire
technique professionnel au Sud-Kivu
d'après-guerre. Après avoir reçu l'approbation du
Comité d’éthique de l’Université Laval,
j’ai également reçu l'accord de mon directeur de recherche
et les meilleurs vœux de succès du Vice-recteur adjoint à
l'enseignement et à la recherche de l'Université
de Moncton, la veille de mon départ. J’ai
commencé mon voyage de Québec
le 3 août 2009 à 4 heures du matin.
Pour me rendre au
Sud-Kivu, j’ai emprunté
tous les moyens de transport possibles, sauf le train et le
cheval. Le périple a été long, pénible, fatiguant, voire
décourageant. Mais ce qui m'a motivé davantage dans cette
expédition, c’est la phrase suivante de
Denis: « Vous ne
pouviez faire autrement que de partager les grandes qualités
humaines ». Certes, il a fallu que j’aille au-delà de ma
passion pour partager ces grandes qualités humaines à Bukavu
et à Butembo afin d’atteindre, à tout prix, les objectifs de
ma mission.
Vita partage
dans cette chronique le récit de sa fructueuse mission
en
République démocratique du Congo. Il est possible de
consulter l'ensemble de la mission en cliquant sur le lien
ci-dessous. |
Le voyage vers le Sud Kivu (2):
l'accueil

M. MWAMBA RUGENDUSA, Directeur du président de l'Assemblée
provinciale, l'Honorable Emile BALEKE KADUDU, Président de l'Assemblée
provinciale, Vita NDUGUMBO, Secrétaire général de la CREE,
Honorable KASSA KIKUKAMA, député provincial,
l'Honorable MUSHEKURU KAYANI, Député provincial,
et l'Honorable MUSHONIO BANYIMWIRE RUSATI,
Président de la Commission permanente socioculturelle

LHonorable Emile BALEKE
KADUDU
et Vita NDUGUMBO |
Le 3 août 2009, avec mes
quatre garçons, Mathieu,
Ruben
Ishara,
Shukurani et
Kamulete,
nous avons emprunté l’autoroute 20 de
Québec vers Montréal,
puis l’autoroute 401 vers Windsor avant de traverser aux
États-Unis sur la 96 North de
Detroit jusqu'à
Chicago.
Le 9 août,
Ruben et moi
sommes montés dans l’avion à l'aéroport international O’Hare
en direction d'Amsterdam (Netherlands-Schipol). De là, nous
avons pris la correspondance vers Nairobi en Afrique de
l’Est et transféré vers Kigali, la capitale de la
République
du Rwanda où nous sommes arrivés à 4 heures du matin. Nous
avons passé le reste de la nuit à l’aéroport. Au premier
chant du coq, nous sommes allés au terminus des autobus qui
voyagent vers Kamembe en destination de
Bukavu. Nous sommes
arrivés à la frontière du Rwanda avec la
RDC, le 10 août
2009, à 12 heures 30, soit 7 heure 30 heure de Québec.
Arrivés à Bukavu le lundi 10
août 2009, nous avons été reçus le lendemain 11 août, en avant midi,
par le Président de l’Assemblée provinciale du
Sud-Kivu,
l’Honorable Emile BALEKE KADUDU
qui nous a aussitôt mis en
contact avec le Président de la commission socioculturelle,
l’Honorable MUSHONIO WA RUSATI.

Son Excellence
Vincent KABANGA WABUKANGAMA,
Ministre provincial de l'Enseignement primaire, secondaire
et professionnel, Culture et Nouvelles technologies, porte
parole du Gouvernement,
M.
Vita NDUGUMBO et M.
MWAMBA RUGENDUSA
En après midi, nous
avons été accueillis par le Ministre provincial de
l’enseignement primaire, secondaire et professionnel,
culture et nouvelles technologies, Son Excellence Vincent KABANGA WABUKANGAMA.
A cette occasion, nous lui avons remis des volumes qui
traitent de l’enseignement secondaire et professionnel, soit
Les cégeps: une grande aventure collective québécoise,
Élargir les possibilités et développer les compétences
des jeunes : un nouveau programme pour l’enseignement
secondaire et Le Guide pratique des études
collégiales au Québec 2010.
Le 12 août, nous avons
rencontré M. MUHOZA, le
Conseiller pédagogique, et Mzee
KINDARARA, le Chef du personnel
des écoles gérées par l’église protestante
(CEPAC, Communauté
des églises pentecôtistes en Afrique centrale). Un
rendez-vous a été fixé avec eux afin de rencontrer les préfets des
études qui sont gestionnaires d'instituts ou d'écoles secondaires ainsi que des enseignants
de ces établissements au cours de la
semaine à venir.
|
Table ronde historique
sur
l’Éducation au Sud-Kivu à
l’Athénée
d’Ibanda de Bukavu

Son Excellence
M. Vincent KABANGA WA BUKANGAMA, Ministre
provincial de
l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel, Culture et
Nouvelles technologies, Son Excellence Mme Colette MIKILA EMBENAKO,
Ministre provinciale des Mines et Hydrocarbures, Son Excellence M. Léonard
MUKUKU W’ETONDA, Ministre Provincial des Transports et Voies
de Communication, M. Vita Ndugumbo et Son Excellence
Mme Elise NYANDINDA KATEGEKWA
Ministre provinciale de l'Industrie et Emploi
Notre mission de recherche
en RDC a coïncidé avec la tenue de la Table Ronde sur
l’éducation en province du Sud-Kivu. Ce forum a été
organisé par le Ministère de
l’enseignement primaire, secondaire professionnel, Culture
et Nouvelles technologies, du 18 au 21 août 2009,
à l’Athénée d’Ibanda,
dans la ville de Bukavu,
sous le Haut patronage du Gouverneur de la Province du
Sud-Kivu, Son Excellence
Louis-Léonce CHIRIMWAMI MUDHERWA. La Table ronde
a réuni plus de 200 acteurs de l’éducation, y compris les
organisations non gouvernementales nationales et
internationales.

Son Excellence
M. le Ministre Vincent KABANGA WA BUKANGAMA reçoit de la
documentation sur les cégeps des mains de M. Vita
Ndugumbo |
Malgré le décalage horaire,
nous n’avons pas chômé. Le samedi 14 août 2009, nous avons
eu une séance de travail avec le Ministre de l’EPSP,
Son Excellence
M. Vincent KABANGA WA BUKANGAMA,
son Directeur du cabinet, M.
Mwenyemali Kasilembo et
M. Mwamba Rugendusa,
le Directeur du cabinet de l’Assemblée provinciale du
Sud Kivu. Cette journée a
été consacrée aux discussions sur le thème de la Table
Ronde : « Repenser le système de gestion de
l’enseignement primaire, secondaire et professionnel au Sud
Kivu ».
Le 17 aout, la veille de la
Table Ronde, nous avons travaillé avec des
inspecteurs de l’enseignement primaire et secondaire et
professionnel qui nous ont largement entretenu des problèmes
inhérents à leur profession en cette période de
reconstruction du pays.
Les journées des 18 et 19
août ont été consacrés aux travaux en plénière. Nous avons
été désigné comme modérateur de la première journée de la
Table Ronde au cours de laquelle nous avons présenté une
communication sur la Reconstruction de l’enseignement
secondaire professionnel au sud Kivu d’après guerre : les
visions et les rôles des acteurs d’enseignement dans le
développement du curriculum.
Nous avons proposé une
conception du curriculum pouvant répondre à la problématique
d'un enseignement plus pratique permettant à l'élève d'être
utile à lui-même et à la société.

Les travaux en plénière |
Le 20 août 2009, se sont
tenus les ateliers organisés en trois commissions: la
Commission pédagogique, la Commission financière et la
Commission Administration et
évaluation de l’enseignement, dont nous avons assumé la
présidence. Nous avons également participé à
l'évaluation des travaux de la Table Ronde.

Des discussions en ateliers |
La Table Ronde a
abouti à plusieurs résolutions d'amélioration du système
éducatif au Sud Kivu,
dont celle de la Rentrée scolaire apaisée qui a
consisté à réduire progressivement la Prime, soit la
contribution monétaire des parents au fonctionnement des
écoles. Cette résolution a sauvé la rentrée scolaire menacée
par des grèves et elle a ainsi permis à un million
d'enfants de retourner à l'école et y poursuivre leur
apprentissage sous la garde bienveillante de leurs
enseignants.
Une autre résolution importante
concerne le Développement de partenariats
internationaux avec la
Communauté de recherche et d'entraide en éducation (CREÉ)
et l'organisme Cégep International
en vue de l'expansion et de la diversification de
l'offre éducative, notamment, en formation
professionnelle et technique.
Sur le plan personnel, nous
avons été grandement marqué par le climat social de ce
forum. La Table Ronde s'est avérée un lieu de
retrouvaille et de réseautage. Elle nous a permis de nouer
des liens de partenariat avec des responsables et des
représentants des établissements supérieurs et
universitaires de la province du
Sud-Kivu. En ce qui regarde nos intérêts
spécifiques de recherche, la Table Ronde a facilité
le contact avec les acteurs d’enseignement, que nous avons
rencontrés par la suite: les préfets des études, les
inspecteurs, les propriétaires d'écoles, les représentants
des églises, des responsables d'organismes internationaux,
des syndicalistes, des responsables d'écoles privées et
publiques, les médias locaux (Radio
Okapi, RTNC
et autres agences de presse).
Au plan de la société, cette
activité historique a été l'occasion d'une grande réflexion
collective, d'une part, sur l'état et les besoins de
l'éducation dans la province du Sud
Kivu et, d'autre part, sur les modalités d'un
nouvel élan propre à impulser le développement du système éducatif. |
Discours d'ouverture de
Son Excellence
M. le Gouverneur du Sud Kivu,
Louis-Léonce CHIRIMWAMI MUDERHWA

Discussions en plénière
La Table Ronde sur
l’éducation au Sud Kivu a été l'occasion d'une grande
réflexion collective, d'une part, sur l'état et les besoins
de l'éducation et, d'autre part, sur les modalités d'un
nouvel élan propre à impulser le développement du système
éducatif. C’est ce que l’on peut retenir du discours
d’ouverture de Son Excellence M.
Louis-Léonce
CHIRIMWAMI
MUDERHWA,
Gouverneur de la province du Sud-Kivu, prononcé
le 18 août 2009, à l’Athénée d’Ibanda
à Bukavu:
"Pendant quatre jours, nous
allons réfléchir sur l’éducation de nos enfants de
l’enseignement primaire et secondaire afin d’évaluer notre
système éducatif pour nous permettre d’arriver à des
propositions concrètes devant nous conduire à un système
éducatif plus adapté à l’évolution actuelle de la société."
Dans cette allocution,
Son Excellence a montré que
le problème de l’enseignement relève de la responsabilité
collective, que le problème concerne tout le monde sous
diverses manières:
"Étant parents, dirigeants
ou utilisateurs du produit scolaire, l’enseignement, c'est
un devoir de tous d’agir avec toute détermination et la
volonté pour que les enfants du Sud-Kivu jouissent d’une
bonne éducation".
Même si la guerre est venue
exacerber une situation déjà précaire, tout n’est pas coulé
dans le béton, il y a de l’espoir pour un changement
qualitatif. Pour y parvenir, il faut, souligne-t-il,
braver toutes les embûches qui se dressent sur le chemin de
l’école. Et, pour les surpasser, il faut les connaître.
C’est à ce titre qu’il rappelle :
"Personne n’ignore la
période de turbulence qui a longtemps secoué notre pays et
partant toute la vie nationale. Les guerres à répétition
sont venues exacerber une situation déjà précaire.
L’enseignement n’a pas été épargné. Il subit de plein fouet
les revers de cette crise.
Cependant, tout n’est pas si
sombre si on peut considérer l’examen d’État qui n’a pas été
altéré par ce désordre. Étant une organisation bien
structurée, tenue par un corps d’élite qui a bravé toutes
les tentatives d’altération de la force du Mal, l’examen
d’État a gardé haut le flambeau de notre enseignement. Nous
en sommes tous fiers."
Son
Excellence a identifié des obstacles majeurs à la
base de la baisse du niveau de l’enseignement. Au plan
pédagogique, il a souligné la sous-qualification des
enseignants, le cumul des fonctions (enseignant-commerçant,
enseignants-cultivateurs), le manque de recyclage, de
formation permanente et de contrôle par les inspecteurs et
les chefs d’établissement. Au plan administratif,
l’administration de l’école, centrée sur la seule personne
du chef d’établissement, est privée de comité des parents
capables d’agir efficacement et subit l’absence de contrôles
réguliers de la part des autorités.
Après avoir passé en revue les
problèmes du système d’enseignement Son Excellence a relevé
la préoccupation de la gratuité de l’enseignement primaire.
Ce concept de gratuité suscite de nombreuses interrogations
sur lesquels, le Gouverneur a demandé à l’Assemblée
provinciale de se pencher:
"En guise de conclusion,
Repenser le système éducatif, c’est réfléchir sur ce système
en termes d’adaptation à l’évolution actuelle de la société
afin que les finalistes du secondaire soient destinés au
marché du travail."
Ces préoccupations vont dans le
sens de la recherche doctorale que nous avons entreprise. A
ce sujet, nous avons eu le privilège de recevoir un appui de
Son Excellence (lettre du 22/09/2009, nº1/869/CAB/GOUVPRO-SK/sb/09)
: "Je vous félicite pour ces bonnes intentions et vous
assure de mon soutien pour leurs réalisations ".
Ce soutien nous rassure quant à
la pertinence sociale de notre recherche. Nous croyons que
ses résultats contribueront à repenser une reforme
éventuelle du système éducatif au
Sud-Kivu dans un contexte d’après guerre afin de
former les femmes et les hommes utiles à eux-mêmes et à leur
société.
|
Le rôle incubateur du diocèse anglican
et des familles africaines
dans la réalisation de nos recherches

Ndugumbo Vita et
Roger Dirokpa,
Officier de la MONUC responsable de la
sécurité*,
devant l'Évêché anglican
Quel rôle le
Diocèse
anglican et la famille ont-elles joué dans les
réalisations de notre mission de recherche sur le terrain ?
En effet, il n’est vain de rappeler que notre recherche
s’est déroulée dans un contexte d’après-guerre au
Sud-Kivu.
Grâce à la solidarité sociale
qui caractérise les cultures et les sociétés africaines,
nous avons contourné beaucoup d’obstacles inhérents à toute
recherche en contexte d’après-guerre. C'est à ce titre que
nous tenons à souligner le travail d’encadrement du
Diocèse anglican
et des familles qui nous ont encadré lors notre passage.
Les évêques de l’Église
anglicane, Mgr Dirokpa
et Mgr Bahati , ont béni
notre travail et n'ont pas manqué de nous prodiguer de
nombreux encouragements. Ils nous motivaient et nous
encourageaient à travailler ardemment, même à la lumière
d'une bougie, à l'occasion des fréquentes coupures ou des
pannes d’électricité dans la ville de
Bukavu.
Le
Diocèse nous a également
fourni un véhicule et un espace de travail très agréable.
Dans cet environnement religieux, nous avons organisé des
forums de discussions et des rencontres avec des élèves,
avec des chercheurs des instituts supérieurs et
universitaires et avec des inspecteurs.

Ruben et Ndugumbo Vita devant le
véhicule du Diocèse anglican
conduit par M. Mwemba Rugendusa.
Nous avons eu un bel
accommodement qui nous a permis d’atteindre les objectifs de
notre mission de recherche dans un climat familial,
tranquille et rafraichissant. C’est dans ce même climat
agréable que le Directeur du Cabinet de l’Assemblée
provincial, M. Mwemba Rugendusa
a mis à notre disposition, un moyen de transport adapté dans
les avenues de la ville de
Bukavu. Ainsi, nous
faisions des allers et des retours multiples afin de
rencontrer les acteurs de l’enseignement dans leur milieu de
travail et revenir nous reposer le soir, en toute
tranquillité au Diocèse anglican.

Le
Directeur du Cabinet de l’Assemblée provincial,
M. Mwemba Rugendusa accueille ses hôtes
La solidarité africaine a eu un
impact positif sur l’organisation, le développement et les
réalisations de nos recherches. Si la Table-Ronde a été un
lieu de réflexion sur le système éducatif, de retrouvaille
et de réseautage, le Diocèse
anglican et la famille ont été des incubateurs de
notre recherche sur terrain.
En cette nouvelle année qui
s'amorce, nous voudrions remercier le
Diocèse anglican de
Bukavu et toutes les
familles, amis et connaissances qui ont contribué d’une
manière ou d’une autre au succès de notre mission de
recherche.
Que la
nouvelle année soit encore plus riche en production du
capital social qu’est la solidarité africaine.
* MONUC
Associate Security Officer (National Professional Security
Officer)
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (1):
la vision

Ndugumbo Vita accompagné des étudiants
de
l'Association des étudiants d'Uvira à Bukavu
Les défis posés par
l’enseignement dans la province du
Sud-Kivu ont été au centre d’une discussion que
nous avons menée le 15 août 2009 à
Bukavu avec les élèves de la sixième année du
secondaire et les étudiants des instituts supérieurs et des
universités. Ces derniers ont témoigné de la dégradation de
la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent, marquée par
le manque de matériel didactique, par l’absence de
laboratoires, par l’inexistence de bibliothèques ou de toute
autre ressource nécessaire à l’apprentissage. L’enseignement
secondaire, disent-ils, ne suffit plus pour nous rendre
utiles à nous-mêmes et à notre société.
Alors que cet enseignement
devrait leur conférer un ensemble de compétences et
d’aptitudes leur permettant de prendre part à la société
active d’après-guerre, force est d’admettre avec beaucoup
d’amertume que les élèves n’apprennent que des notions
théoriques loin des problèmes de la vie quotidienne.
Toutefois, nous avons été
convaincus que, même si l’enseignement secondaire actuel se
retrouve dans une situation précaire, les étudiants
possèdent des visions claires d’un curriculum nouveau qu’ils
expriment en ces termes :
Moi je suis finaliste en
section pédagogique. J’ai choisi la section pédagogique à
cause de la psychologie et la pédagogie. J’ai suivi cette
section parce que j’aime enseigner aux enfants. Je voudrais
ouvrir une garderie. Cependant, j’ai des obstacles dans la
réalisation de mon projet à cause du manque de moyens
financiers et de professionnels qui pourraient m’orienter.
(Aline, étudiante en section pédagogique)
Je fais la section
math-physique. J’aime les mathématiques physiques parce que
les maths me donnent le cœur de réchauffer les choses. Ça
fait travailler le cerveau. Dans notre pays, il y n’a pas de
spécialistes pour former les ingénieurs. J’aimerais
construire des ponts dans toute la province. Il y a encore
beaucoup d’obstacles parce que nous étudions les
mathématiques comme des aveugles. Nous apprenons des
symboles, le X, le Y et les Z, sans savoir leurs
significations réelles dans notre vie de tous les jours.
(Merci, étudiant en math-physique)
J’ai fait la section biochimie
parce que je voulais faire la médecine. En biochimie, il y a
plusieurs cours pour faire carrière en biochimie. Les
obstacles sont tels que je n’ai pas des moyens financiers
pour poursuivre mes études à l’Université et nous n’avons
pas des gens pour nous aider à cheminer dans nos études.
(Alain, étudiant en biochimie)
J’ai choisi les Techniques
sociales pour bien comprendre la vie humaine. C’est une
section à caractère pratique. Le cours de développement
communautaire montre comment gérer un projet et aider les
gens à se prendre en charge et à savoir comment communiquer
avec les institutions. Je pense aux déshérités, notamment
les orphelins et les enfants soldats. J’ai beaucoup de
projets, mais c’est la mise en application de mes
connaissances acquises à l’école qui m’est difficile.
(Bienvenue, étudiant en techniques
sociales).

Élèves finalistes participant à la recherche
doctorale de Ndugumbo Vita
Pour accompagner ces étudiantes à réaliser leurs rêves, nous
nous sommes servi d’un postulat de recherche action qui
consiste à impliquer les personnes concernées dans la
définition d’un problème et dans la recherche de sa
solution. Nous avons ainsi demandé aux étudiants d’élaborer
des projets curriculaires en lien avec leur rêve et leur
profil scolaire.
|
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (2):
les démarches

Ndugumbo Vita remet les demandes
d'admission
au Directeur général du Service régional d'admission
au collégial de Québec (SRACQ), M. Marc Viens.
De nombreuses démarches ont été
réalisées en vue de rendre possible la venue d'étudiants du
Sud Kivu dans les
collèges du Québec. Ces démarches ont commencé par
une visite au ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport auprès de
Mme Claude Barnard,
Conseillère en affaires internationales en mai 2009.
Mme Barnard avait fourni des
renseignements fort utiles relativement aux sujets suivants:
l'exportation des technologies québécoises; l'équivalence
des diplômes; la politique des droits de scolarité des
collèges et des universités; et l'identification des personnes
responsables de la gestion des exemptions de frais de
scolarité et des programmes de bourses pour la République
démocratique du Congo.
Denis Savard et
Ndugumbo Vita ont
rencontré Mme Évelyne Foy
et Mme Nathalie Dubois de
Cégep international,
l'organisme qui coordonne les activités de coopération des
cégeps et qui est responsable des concours de
bourses d'excellence pour les étudiants internationaux.
Mmes Foy et
Dubois ont expliqué les
règles qui régissent ces concours: 1. les étudiants font une
demande d'admission dans un cégep; 2. le cégep soumet des
candidatures au concours de bourses d'excellence; 3. un
comité indépendant juge les candidatures et fait des
recommandations pour l'octroi des bourses.

Vita en compagnie de
finissants du secondaire
Ndugumbo Vita a coordonné l'ensemble de
l'opération pour la CREÉ, s'occupant de contacter les cégeps partenaires,
de réunir la documentation requise, de les expédier aux services d'admission et
d'entretenir le lien avec les candidats, les responsables
congolais et correspondants à l'admission dans les cégeps.
Ce processus a aussi demandé
beaucoup de réceptivité de la part des correspondants à
l'admission des cégeps partenaires :
M. Jacques Belleau et Mme Diane Samson
(Lévis-Lauzon), Mme Hélène Lachapelle
(Drummondville), Mme
Francine Richer (Institut maritime de Rimouski), M. Alain
St-Pierre (Montmorency)
et Mme Marie-Eve Galaise (Gaspé).
La première étape s'est
déroulée avec succès : dix étudiants (huit filles et deux garçons) ont été admis
dans les cégeps partenaires.
Les dossiers ont été présentés au Programme de bourse
d’excellence pour les étudiants étrangers en formation
technique.
Les étudiants ont été admis
dans les programmes de Techniques d’orthèses et de
prothèses orthopédiques, Soins infirmiers, Gestion et
exploitation d'entreprise agricole, Techniques de
bureautique, Techniques de l'informatiques, Gestions de
réseaux informatiques, Technologie de l’architecture navale
et Techniques de la logistique du transport.
Le Comité
d'étude des candidatures aux bourses d'excellence devrait
faire connaître bientôt ses recommandations.
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (3) :
des résultats
Octroi de six bourses d’études annuelles
renouvelables totalisant 156 000 $
dans le cadre du Programme de bourses
d’excellence pour les étudiants internationaux
 |
Après de nombreuses démarches
réalisées en vue de rendre possible la venue d'étudiants du
Sud Kivu dans les
collèges du Québec, la
Communauté de recherche et
d’entraide en éducation (CREÉ) s’est enquise
auprès du ministère de l’Éducation,
du Loisir et du Sport et de
Cégep international,
l'organisme qui coordonne les activités de coopération
internationale des cégeps, des règles et des procédures
régissant les concours de bourses d'excellence pour les
étudiants internationaux.
Fort de ces informations,
Ndugumbo Vita,
Secrétaire général et responsable de la coopération
internationale de la CREÉ,
s’est occupé de contacter immédiatement les cégeps
partenaires, de réunir la documentation requise, d’aider les
candidats à remplir leur formulaire de demande d’admission,
d’expédier ces formulaires aux services d'admission
(SRAQ, SRAM) ainsi que de
maintenir le lien entre les candidats, les responsables
congolais et les correspondants à l'admission dans les
cégeps de Montmorency (Laval),
de Drummondville, de
Lévis-Lauzon et de
Rimouski, de
la Gaspésie et des îles.
Cette première étape s'est
déroulée avec succès : les dix candidats présentés ont tous
été admis dans les programmes de Techniques d’orthèses et
de prothèses orthopédiques, de Soins infirmiers,
de Gestion et exploitation d'entreprise agricole, de
Techniques de l'informatique, de Gestions de réseaux
informatiques
et de Techniques de la logistique du transport. Les
dossiers des admis ont été présentés par les collèges
partenaires au Programme de bourse d’excellence pour
les étudiants internationaux en formation technique.
À la suite de l’examen de leurs
dossiers scolaires et de leur projet d’étude par le Comité
d’évaluation, quatre étudiantes ont obtenu des bourses
d’excellence et des bourses d’exemption des frais de
scolarité (valeur approximative de 31 000 $ chacune) et deux
autres étudiantes ont décroché une bourse d'exemption des
frais de scolarité (valeur approximative de 16 000 $).
Ces bourses sont renouvelables en fonction des
résultats scolaires obtenus; ce qui signifie que, pour les
trois années d'études que durent les programmes techniques,
la somme des bourses octroyées peut totaliser 468 000 $,
soit près d'un demi-million de dollars injectés dans la
formation des jeunes Sud Kivutiens.
Les projets d’études soumis
découlent directement d’un séminaire tenu par
Ndugumbo Vita, à
Bukavu en septembre 2009
auprès des diplômés d’État dans le cadre de sa recherche sur
Les visions et rôles des acteurs dans le développement
du curriculum d’enseignement en contexte d’après-guerre au
Sud Kivu.
À l’intérieur de ce séminaire
et à la suite de discussions de groupes focalisées, il était
demandé aux jeunes diplômés de présenter un projet de vie,
reflétant leur trajectoire scolaire et de démontrer sa
cohérence avec les visées éducatives de l’enseignement
secondaire au Sud-Kivu
dont la finalité consiste à « Former des hommes et des
femmes utiles à elles-mêmes et à la société, des femmes et
des hommes responsables, capables de se nourrir, de se vêtir
et de se loger. » Cette tâche motivationnelle a suscité
beaucoup d’intérêt auprès des participants qui ont développé
des projets de vie, d’une nation, d’une humanité selon leurs
visions de l’enseignement en contexte d’après-guerre. La
citation qui suit constitue un exemple parmi les dizaines de
projets que ces jeunes ont développés et qu’ils ont
présentés à la fin du séminaire d’une journée :
Ayant comme projet ardent
d’implanter et d’expérimenter dans ma province une école de
formation en logistique de transport et de mettre sur pied
ma propre entreprise de transport, domaine non développé en
République Démocratique du Congo
(RDC), mon choix se trouve orienté vers cette
discipline combien importante dans ma vie et pour mon pays.
Les différentes connaissances que je vais acquérir
permettront aussi à ma personne, au-delà des objectifs
personnels susmentionnés, de créer une école d’apprentissage
pour la province du Sud Kivu.
(Princesse, 22 ans).
Les processus d’obtention des
Certificats d'acceptation du Québec (CAQ) et des
permis d’études sont en cours. Ces étudiants devraient être
accueillis par la CREÉ
et dans leurs cégeps respectifs à l’automne 2010 si les
démarches d’immigration amorcées se déroulent rondement.
Ndugumbo Vita : « Ma recherche sur le terrain
s’est avérée une riche source d’apprentissage qui se
continue au travers des réalisations concrètes qu’elle a
suscitées. »
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (4) :
les résultats
Mission accomplie:
deux étudiantes du Sud Kivu
intègrent le système collégial québécois!

Le comité d'accueil:
Frederick Lapointe, agent de service social,
Ndugumbo Vita, Sophie Morency, Tourisme,
Jeanne d’Arc Kinja Kamizire,
Carla Lopera, Sciences humaines, Profil Monde, et Sara Désy,
Soins infirmiers.
|
Le secrétaire général et responsable de la Coopération
internationale de la
Communauté de recherche et d'entraide en éducation,
Ndugumbo Vita, a
travaillé très fort pour que les récipiendaires des bourses
d'excellence et d'exemptions de frais de scolarité,
octroyées par le
ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec
(MELS)
et gérées
par
Cégep international, puissent
s'inscrire dans leur cégep respectif au cours de l'année
scolaire 2010-2011.
Les démarches entreprises par
Vita
auprès des différentes instances ont finalement abouti: la
Communauté
a accueilli deux étudiantes du
Sud-Kivu,
Jeanne d’Arc Kinja Kamizire
en Techniques d'orthèses et de prothèses au
Cegep de Montmorency
ainsi que
Françoise Mukemwendo Sholera
en Techniques de soins infirmiers au
Cégep de Lévis-Lauzon.
Ces deux étudiantes ont été reçues par une délégation de
leur cégep respectif et de la
CREE,
sous un froid hivernal de moins 25°C, à l'aéroport Trudeau.
Leur formation au
Québec
s’inscrit dans le cadre du projet de recherche doctoral de
Ndugumbo Vita
intitulée Reconstruction de l’éducation en RDC en
contexte d’après-guerre : visions et rôles des acteurs dans
le développement du curriculum de l’enseignement technique
et professionnel dans la province du Sud-Kivu.
Ces étudiantes ont été sélectionnées sur la base de la
qualité de leurs dossiers scolaires et de leurs projets
d’études. Ces projets reflètent une vision lucide du
curriculum de l’enseignement secondaire technique et
professionnel qui répond aux besoins émergents de leur pays.
Il importe de souligner que la province du
Sud-Kivu
a été la porte d’entrée de toutes les guerres que la
République démocratique du Congo
a connues au cours de dernières décennies. Ces guerres ont
causé des dégâts considérables en pertes de vies humaines et
en destruction des infrastructures, dont de nombreuses
écoles.

Jeanne d’Arc
Kinja Kamizire |
Jeanne d’Arc
voudrait ainsi apporter sa contribution pour aider les
personnes à mobilité réduite, victimes des violences dans
son pays.
Après plus de 12 années de guerres qu’a traversées notre
pays, plusieurs mines antipersonnelles ont été disséminées
dans la région. Ces dernières ont fait de nombreuses
victimes au point que l’on trouve actuellement des milliers
des personnes handicapées et autres malades physiques
presque abandonnées à leur triste sort.
Notre pays a besoin de personnes bien formées, surtout
dans le domaine de la santé. Les collèges d’enseignement
général et professionnel se distinguent dans ce domaine, en
l’occurrence le
Cégep de Montmorency
qui possède un équipement ultramoderne devant me permettre
de développer mes connaissances et mon esprit de créativité.
Ainsi mon rêve sera matérialisé, soit celui de bien servir
mon cher pays en général et, en particulier, les handicapés
physiques de la province du
Sud-Kivu,
une fois ma formation terminée.

Françoise Mukemwendo et
Jeanne d'Arc Kinja à l'Université Laval
Étant donné
la situation difficile, l’environnement
d’apprentissage dans lequel
Françoise Mukemwendo Sholera
a pratiqué les soins infirmiers dans son pays ne lui a pas
permis de réaliser pleinement son rêve, soit celui de
répondre aux besoins sanitaires de la province du
Sud-Kivu.
Ainsi elle veut s’assurer d’une très bonne formation
technique et professionnelle car les besoins dans le domaine
de la santé sont criants dans sa province d'origine.

Françoise
Mukemwendo
Sholera |
Je suis détentrice d’un Diplôme d’État en Pédagogie
Générale et présentement en formation continue au sein
d’une Institution de la place. Il est bon de souligner qu’en
cette époque, il est impératif pour toute personne
ambitieuse, dont ma personne, de s’assurer d'une très bonne
formation technique et professionnelle, de préférence dans
une institution réunissant les conditions nécessaires afin
de garantir sa compétitivité, non seulement sur le marché de
l’emploi de demain, mais aussi pour la mise en pratique des
connaissances acquises.
Nous comptons un docteur pour au moins quatre-vingts
mille patients avec un nombre très réduit d’infirmiers. Les
besoins dans le domaine de la santé sont nombreux et urgents
et ils demandent des intervenants dans ce secteur; surtout
en ce qui a trait à la prévention lors des accouchements.
La réalisation des rêves de ces étudiantes n’est pas
évidente en raison du processus d’adaptation qui les place
devant de nombreux défis: adaptation au climat, à la
nourriture, aux conditions de vie, aux accents langagiers,
aux différences dans la pédagogie... Voila les défis que
Jeanne
d’Arc
et
Françoise
doivent relever au jour le jour.

Vêtues à la québécoise,
Françoise Mukemwendo et Jeanne d'Arc Kinja
sont prêtes à affronter l'hiver et les défis qui les
attendent!
Par son soutien et son accompagnement, la
Communauté
entend bien aider ces courageuses jeunes étudiantes, membres
juniors de la
CREE,
à réussir leur intégration sociale et scolaire, à compléter
leur projet d'études, à réaliser leurs aspirations
professionnelles et à contribuer au mieux-être des leurs.
Si, comme le dit le dicton africain, éduquer une
femme, c’est éduquer toute une nation, que penser
alors d'en éduquer deux!
La
Communauté souligne la qualité de la structure d'accueil des
étudiants internationaux des cégeps Lévis-Lauzon et
Montmorency. Par ailleurs, elle souhaite la bienvenue à Françoise Mukemwendo et à
Jeanne d'Arc Kinja et elle leur garantit son aide et son soutien. |
D’une vision lucide à un rêve réalisable (5) :
Françoise Mukemwendo
et Jeanne d'Arc Kinja
remercient la Communauté

Françoise Mukemwendo et
Jeanne d'Arc Kinja à l'Université Laval
|
Les
membres de la CREE
contribuent aux systèmes d'éducation, notamment dans les
pays en voie de développement. Ceci s’observe par exemple
dans les actions visant à favoriser la mobilité étudiante. À
ce titre, l'année en cours s’annonce des plus déterminantes
pour les six étudiantes du Sud-Kivu
qui ont bénéficié des bourses d’excellence et de
bourses d'exemption du ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport, un programme
géré par Cégep international.

Françoise
Mukemwendo
Sholera |
Deux
étudiantes ont déjà intégré le système collégial québécois:
Françoise Mukemwendo Sholera,
au Cégep de Lévis-Lauzon,
et Jeanne d’Arc Kinja Kamizire,
au Cégep Montmorency.
Ces deux nouvelles cégépiennes adressent des remerciements.
Incroyable, mais vrai, mes rêves sont devenus réalités. Quel
accueil si grandiose à mon arrivée au
Québec/Canada. Je me
demandais de mon arrivée à l'aéroport, comment ça va se
passer de quel endroit dois-je me diriger mais heureusement
avant mon arriver, il y avait déjà une délégation de la
CREE qui était venue me
chercher, c'était très bien vraiment et cette journée
restera inoubliable dans ma vie. Je me suis senti chez nous.
À mon
arrivée au CEGEP Lévis-Lauzon,
j’ai été bien accueilli par
Marie-Anne Le Houiller qui m’a fait visiter le
CEGEP et qui m'a dirigée jusqu'aux résidences.

Jeanne d’Arc
Kinja Kamizire |
De ce fait, mes sincères
remerciements à la CREE
et à tous ses membres collaborateurs pour leur travail
accompli. J’adresse en particulier mes profonds
remerciements au professeur
Denis
Savard pour son soutient inoubliable et au
Secrétaire général de la CREE
monsieur
Vita
Ndugumbo qui se donnaient corps et âme pour nous
venir en aide pendant cette période qui n'était pas
facile. (Françoise
Mukemwendo)
------------------------------------------------------------------
Je suis
tellement contente de faire partie de la communauté je ne
sais pas comment dire merci. Je
profite de ce moment pour dire encore merci à la communauté
pour l'accueil à l'aéroport et le soutien. (Jeanne
d’Arc Kinja)
------------------------------------------------------------------
La Communauté remercie ses
deux cégépiennes favorites pour leurs remerciements bien
sentis et elle exprime l'espoir qu’à travers la coopération,
la province du Sud-Kivu pourra surmonter des épreuves
décisives en éducation en vue de l’avenir des jeunes
finalistes du secondaire. |
D’une vision lucide à un rêve réalisable (6) :
La mobilité
internationale :
un parcours fascinant!
(Jeanne d'Arc Kinja)

Jeanne d'Arc Kinja à
devant le Pavillon
Louis-Jacques-Casault de l'Université Laval
|
Un partenariat prometteur entre le Sud
Kivu, les collèges québécois et la CREÉ.

Jeanne d’Arc
Kinja Kamizire |
Jeanne d’Arc Kinja Kamizire,
étudiante au Collège Montmorency,
en Techniques de fabrication d’orthèses et de prothèses
décrit son parcours fascinant de la mobilité internationale.
Elle montre comment, dans un voyage où l’on ne sait pas les
conditions d’accueil à destination, deux sentiments ambigus
font bon ménage pour construire le courage et la
détermination de réaliser son rêve.
Ce parcours est fascinant, car il est plein de découvertes.
Celles-ci lui permettent de mener une vie tranquille et
stable au Canada, car le destin a placé sur son chemin des
personnes prêtes à l'aider dont les membres du
Comité d’accueil des étudiants du
collège Montmorency et de
la Communauté de recherche et
d’entraide en éducation de l’Université
Laval. Nous vous invitons à la découverte de ce
parcours fascinant de mobilité internationale de
Jeanne d’Arc Kinja.
Ouf, c’est ainsi que je m’exclame quand mon avion décolle,
avec le cœur animé par deux sentiments ambigües, la joie et la
souffrance. La joie de voir que les efforts de ma famille et de
moi-même arrivent à un issu positif après plus d’une année de
recherche des papiers. La souffrance de laisser derrière moi ma
famille qui constitue ma grande richesse, ma culture et d'aller
dans un milieu où je ne connaissais personne. À chaque
battement de mon cœur, je me rappelais de chaque membre de ma
famille, le sourire de ma mère qui illumine
toujours
la joie sur son visage même pendant les moments difficiles et le
sang froid de mon père qui m’encourageait à aller de l’avant
peu importe la situation.
Après un long voyage de presque vingt quatre heures pendant
lequel j’étais animée de ces sentiments ambigus, j’étais
silencieuse, assise à la fenêtre pour contempler tout ce que
l’avion traversait comme les nuages et les océans et quelques
fois les villes. Je suis restée calme, pas parce que je manquais
avec qui parler, mais les mots ne pouvaient pas bien exprimer
mes pensées.
Il est 17h16 quand notre vol a atterri. Je me dirige vers la
sortie. Là, je pressens que je ne suis plus au Congo. Première
chose ce sont des escaliers roulants que je n’avais jamais vus,
étant habituée aux multiples services sur les ports et les
aéroports dans lesquels tu as l’argent alors tu es le premier
servi. J’ai fini par croire que c’était toujours ainsi partout
comme pour donner raison au dicton « l’habitude est une deuxième
nature. »
Je me dirige vers le bureau d'immigration. Ce qui m’étonne,
c’est la porte qui s’ouvre toute seule! Et puis, je suis
contente de voir, selon moi, l’égalité avec laquelle les
immigrés sont traités. pas de plus important que d’autres, vous
pigez un numéro puis vous attendez qu’il s’affiche sur l’un des
écrans pour signaler votre tour.
Après avoir obtenu mon visa je quitte l’aéroport, ne sachant pas
où je vais. Juste à la sortie, il y a six personnes qui sont là
à m’attendre dont cinq blancs. Ma grand-mère ne me croira
jamais. Je suis accueillie en reine au
Canada, je vous assure. Suite à leur accueil
chaleureux, leurs sourires adorables et leurs visages joyeux me
suffisent pour oublier la fatigue due à l’ambiguïté de
l’esprit.
Je profite de cette occasion pour adresser mes sincères
remerciements au Comité d’accueil des
étudiants internationaux du Collège Montmorency,
à Frederick Lapointe, agent
de service social, Sophie Morency,
Carla Lopera et
Sara Desy et à la
Communauté de Recherche et d’Entraide en
Education (CREE) de l’Université
Laval, au professeur
Denis Savard
et à M.
Ndugumbo
Vita, le
secrétaire général de la CREE
et le Responsable de la coopération internationale.
Vers 18h nous devrions quitter l’aéroport et affronter un froid
de moins 35 degré Celsius, étant déjà bien habillée par les
filles. J’avais envie de voir la neige. Je me demandais c’est
quoi au juste : de la farine? de l’eau? des pierres…? mais je
ne pouvais pas répondre à cette question.
Animé par le goût de m’intégrer complètement dans la société
canadienne, les membres du comité m’amenèrent manger de la
« poutine » un repas purement québécois. Je ne saurais pas le
décrire, mais la seule chose que je peux dire c’est que c'est
délicieux. Puis c’était le tour de l’épicerie, dans un grand
super marché comme LABEAUTÉ.
Mais encore plus grand, il y a tout ce qui est aliment ainsi que
les produits de premières nécessités Vers vingt deux heures, je
me suis couchée pour la première fois loin du toit paternel.
Mardi, je me suis réveillée. La première chose que j’ai faite
au Canada, je suis descendue toucher la neige jusqu’à ce
que mes doigts ne puissent plus bouger. J’avais mal. Ne sachant
quoi faire, je les ai mis dans l’eau très chaude, ce qui a
multiplié mes douleurs mais j’étais satisfaite, car l’une des
mes questions était répondue. L’après-midi nous sommes parties
magasiner les vêtements pour le froid et acheter de bonnes
bottes chaudes.
Mercredi, je me suis réveillée tôt pour n’est pas être en retard
et ainsi mettre fin « aux heures des congolais ». J’ai quitté ma
chambre à 7h30. Alors que le collège se situe à moins de cinq
minutes de mon appartement, mais je vous assure que j’étais en
retard à un cours qui a commencé à 8h. Vous trouvez ça drôle! La
raison est simple : le collège est grand. Il compte plus de 5800
étudiants et 700 professeurs.
En arrivant, moi qui m’attendais à un auditoire de deux cents
étudiants, je me retrouve dans une petite et belle classe de 20
étudiants avec un projecteur et un tableau blanc. Je devrais
choisir mes cours par Colnet qui est un site qui permet aux
étudiants de rester en contact avec leurs professeurs. Il y a
l’horaire de cours. Tu peux payer en ligne les frais académiques
sans bouger de chez toi.
La chose qui m’a fort frappée c’est la relation professeur –
étudiant. Étant toujours habituée à considérer le professeur
comme « le seul maitre à bord »; ici, les enseignants sont
tutoyés par les étudiants. Pas de monsieur, ni de madame, mais
des Benoit, Josée..; Le langage en classe est familier. Je ne
trouve pas l’usage du français classique. Les professeurs sont
toujours là, je dirais au service des étudiants même quand tu as
manqué un cours peu importe la raison, ils sont prêts à t’aider
à te rattraper.
Pour ce qui est des cours à suivre, il y a des cours
obligatoires comme le français, philosophie et l'éducation
physique. Le français, je ne savais pas qu’il était aussi dur.
Juste à mon arrivée, je ne comprenais rien. Ils enseignent en
français, mais je regardais les lèvres pour avoir une idée car
mes oreilles n’arrivaient même pas à capter quelques choses. Ce
qui n’était pas bien vu car contrairement à chez nous, ici les
gens parlent en se regardant dans les yeux. Les mots me manquent
pour décrire la façon d’enseigner avec des radios, des films
pour permettre aux étudiants de rester en contact entre eux et
avec leurs enseignants, il y a un site Colnet, il y a les points
à l’horaires de chaque étudiant. Et pour y accéder, il faut un
code en chiffre.
Le plus grand défis auquel je suis soumis ces derniers temps
c’est l’alimentation. Habituée à aller à
Kadutu acheter ce qui me plait
par les yeux, ici c’est le contraire. Je dois vérifier la table
de valeur nutritive : teneur en gras saturés, lipides, glucides,
sodium, etc. Les Québécois mangent tout le temps trois grand
repas par jour et deux collations, repas léger pour être en
forme.
Pour finir, je mène une vie tranquille et stable car le destin a
placé sur mon chemin des personnes qui ont un cœur prêt,
charitable, toujours prêtes à répondre à mes doléances au même
niveau que leurs enfants ou leurs proches, je leur dis une fois
de plus merci.
Jeanne D’Arc Kinja Kamizire,
Étudiante au Collège Montmorency
Techniques de fabrication d’orthèses et prothèses

Ndugumbo Vita |
Ndugumbo Vita complète ce
témoignage et le relie à la recherche action qu'il mène dans le
cadre de ses études doctorales :
Pour accompagner l’étudiante à réaliser son rêve, nous nous
sommes servis du postulat de la recherche-action qui consiste à
impliquer la personne concernée par la situation problématique
dans la définition du problème et la recherche de sa solution.
C’est ainsi nous avons demandé aux étudiantes et aux étudiants
ayant participé à notre recherche d’élaborer leur projet
curriculaire en lien avec leur rêve et leur profil scolaire.
Tous ensembles, chercheur, étudiantes et étudiants,
collectivement, nous nous sommes engagés dans la participation
collective à la recherche de solution à l’avenir des jeunes du
Sud-Kivu.
Cette participation collective a transformé les rêves de cette
étudiante en réalité palpable. Voilà le sens que nous accordons
à la vision dans le cadre de notre recherche et au rôle de
chercheur-acteur dans la résolution des problèmes complexes.
Ndugumbo
Vita, Secrétaire général de
la CREE
Responsable du partenariat et de la coopération internationale
-------------------------------------------------------------------
Quel
beau témoignage de Jeanne d'Arc Kinja! Félicitations!
D'autres félicitations sont adressées à Vita pour le
merveilleux travail qu'il accomplit dans le cadre de son
projet doctoral et à titre de Responsable du partenariat et
de la coopération internationale de la Communauté
-------------------------------------------------------------------
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (7) :
Des débuts empreints de réussite!

Françoise Sholera Mukemwendo, le consul
honoraire de Haîi
et partenaire émérite de la Communauté, Jean-Joseph Moisset,
Jeanne d’Arc Kinja Kamizire, Ruben et Ndugumbo Vita.
À l'occasion de la remise des Prix
Excellence, la Communauté a
souligné les performances scolaires remarquables de
Françoise Sholera Mukemwendo et
de Jeanne d’Arc Kinja Kamizire,
étudiantes en provenance du Sud Kivu aux
cégeps de Lévis-Lauzon et de Montmorency
respectivement et récipiendaires du programme de bourses
d'excellence du ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport, programme géré
par Cégep international.
Malgré qu'elles aient commencé avec une semaine de retard et
qu'elles aient eu à surmonter les défis de l'intégration,
Françoise et
Jeanne d'Arc ont conservé une
moyenne supérieure qui leur a permis de recevoir un
renouvellement de leur bourse conditionnel à leur rendement
scolaire.
La
Communauté a aussi salué le travail remarquable
effectué par Ruben Vita à
l'occasion de la mission de la CRÉE
en République démocratique du Congo.
Ces diverses activités ont été organisée par le Secrétaire
général de la Communauté,
Ndugumbo Vita, dans le
cadre de son projet doctoral.
La Communauté félicite ces
jeunes de talent et leur souhaite la bienvenue dans ses rangs!
|
D’une vision lucide à un rêve réalisable (8) :
La Communauté
souhaite la bienvenue à
Princesse Murhonyi Wani, boursière d'excellence
inscrite au Cégep de Drummondville

Ndugumbo Vita, Françoise
Sholera Mukemwendo,
Princesse Murhonyi Wani et Jeanne d’Arc Kinja Kamizire
à l'arrivée de Princesse Murhonyi à l'aéroport Pierre-Elliot
Trudeau.
|
Un partenariat prometteur entre le Sud
Kivu, les collèges québécois et la CREÉ.

Princesse
Murhonyi Wani |
Les
travaux doctoraux de
Ndugumbo Vita
sur la reconstruction de l'éducation en période
d'après-guerre ont amené plusieurs retombées dont la tenue
d'une Table ronde (États généraux) sur l'éducation au Sud
Kivu au cours de laquelle il fut décidé, entre autres,
d'adopter le modèle collégial québécois et de favoriser la
mobilité étudiante entre les deux états.
Le travail
acharné de Vita a mené à la
mise en candidature de 10 étudiantes au Programme de
bourses d’excellence pour les étudiants étrangers au réseau
collégial, financé par le ministère
de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et géré
par Cégep international.
C'est ainsi que six bourses d’études annuelles renouvelables,
avec exemption de frais de scolarité, totalisant 156 000 $
ont été octroyées à autant d'étudiantes Sud Kivoises.
Le 27 juillet
dernier, une délégation de la
Communauté composée de
Françoise Sholera Mukemwendo,
Jeanne d’Arc Kinja Kamizire,
Ndugumbo Vita et
Denis Savard,
accueillait Princesse Murhonyi Wani
à son arrivée au Québec.

À la sortie de
l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau.
Princesse Murhonyi s'est mérité
une bourse d'excellence lui permettant de s'inscrire dans le
programme de Technique de la logistique du transport (410.A0)
au Cégep de Drummondville,
établissement partenaire de la CREÉ.
La Communauté sous l'égide
de son secrétaire général et responsable de la coopération
internationale, Ndugumbo Vita,
voit à l'accueil, à l'intégration et au suivi des boursières
dans leur nouvel environnement.

Visite du cégep et recherche
d'un logement avant l'inscription

Ndugumbo Vita |
L'arrivée de
Princesse
Murhonyi marque un autre
chapitre dans l'extraordinaire réalisation empreinte
d'engagement et de compétence qu'accomplit
Ndugumbo Vita dans le
développement d'opportunités pour les systèmes éducatifs
congolais. Dans un contexte plus académique,
voici comment il
situe cette dernière action par rapport à
son cheminement doctoral :
Pour accompagner l’étudiante à réaliser son rêve, nous nous
sommes servis du postulat de la recherche-action qui consiste à
impliquer la personne concernée par la situation problématique
dans la définition du problème et la recherche de sa solution.
C’est ainsi nous avons demandé aux étudiantes et aux étudiants
ayant participé à notre recherche d’élaborer leur projet
curriculaire en lien avec leur rêve et leur profil scolaire.
Tous ensembles, chercheur, étudiantes et étudiants,
collectivement, nous nous sommes engagés dans la participation
collective à la recherche de solution à l’avenir des jeunes du
Sud-Kivu.
Cette participation collective a transformé les rêves de cette
étudiante en réalité palpable. Voilà le sens que nous accordons
à la vision dans le cadre de notre recherche et au rôle de
chercheur-acteur dans la résolution des problèmes complexes.
Ndugumbo
Vita, Secrétaire général de
la CREE
Responsable du partenariat et de la coopération internationale
|
|